Comme vous le savez, l’objectif de l’association est de reprendre le bâtiment de la Comédie, après son déménagement, pour en faire un lieu à destination de vos projets culturels, artistiques, académiques, scientifiques et autres.

Depuis la création de l’association en mai 2019, suite au travail conjoint de l’Université et des cinq associations à l’origine du projet, celui-ci a connu un certain nombre de rebondissements : des réussites telles que l’ouverture du bar, la création d’un mini-festival ou le lancement d’un podcast, mais aussi des déceptions, parmi lesquelles des annulations dues au Covid mais aussi et surtout des négociations souvent compliquées avec nos institutions, qui ont vu La Tragédie être marginalisée à plusieurs occasions du projet de reprise du bâtiment.

Ces négociations difficiles nous ont parfois privé-e-s d’une communication immédiate avec nos membres. Nous regrettons de ne pas avoir pu vous tenir au courant de l’avancée des discussions de manière régulière et transparente et tenons aujourd’hui à rectifier cela, en vous transmettant un point complet de la situation et de l’état actuel des négociations (un historique complet et détaillé se trouve en pièce jointe).

Pour rappel, l’association est née d’une collaboration initiée en 2017 entre étudiant-e-s et membres de l’administration de l’UNIGE dans le but de monter un projet innovant et participatif. En 2019, alors que la Tragédie s’était fondée en une association et qu’elle avait déjà obtenu la gestion du bar de la Comédie, la direction des HES-SO a décidé de rejoindre le projet de reprise du bâtiment de la Comédie et a exigé l’éviction de l’association la Tragédie de la suite du projet. Certains principes de base de notre association – notamment l’ouverture sur la Cité – étaient considérés comme des aspects rédhibitoires au projet souhaité par l’institution.

L’UNIGE et les HES-SO ont alors décidé de créer un nouveau groupe de travail, composé d’autres étudiant-e-s, faisant table rase du travail effectué depuis plusieurs années par la Tragédie .
Le comité de la Tragédie s’est alors longuement battu pour faire entendre sa légitimité. Les étudiant-e-s du second groupe de travail s’étant ralliés à notre cause, les deux institutions ont accepté de reconsidérer le statut de la Tragédie dans la suite du projet.
Des négociations ont alors été entamées autour des statuts de l’association. Ces changements devaient permettre à l’association de répondre au mieux aux demandes des deux directions et constituaient à nos yeux l’aboutissement du long processus de réhabilitation de l’association aux yeux de tou-te-s comme acteur essentiel du projet puisque incarnant une dynamique déjà effective. Ces négociations ont abouti à une refonte des statuts qui ont été adoptés lors de la dernière Assemblée générale.

Cela n’a malheureusement pas suffi. Au lendemain de l’AG, l’Université et les HES-SO ont annoncé à la Tragédie qu’elle ne serait pas l’association de reprise du bâtiment, l’exclusion de l’association étant une des conditions à la participation de la direction des HES-SO.

Après cette décision arbitraire et incompréhensible, l’UNIGE et les HES-SO sont actuellement en train de mettre sur pied un nouveau groupe de travail. composé à nouveau d’une majorité d’étudiant-e-s et de membres des institutions sans lien avec les précédents groupes de travail. Les institutions renoncent ainsi à rester dans une dynamique participative et collaborative. La logique adoptée par les directions depuis une année consiste à bénéficier d’un travail étudiant bénévole, et d’effacer et renier le résultat qui ne leur convient pas. Avant de recommencer.

Or, nous pensons qu’un processus de participation et de négociations, pour qu’il puisse fonctionner, implique pour chacune des parties engagées d’effectuer un certain nombre de concessions. La Tragédie s’y est engagée de bonne foi, acceptant de faire évoluer son projet en fonction des demandes et impératifs des institutions et résultant dans de nombreux changements statutaires. En face, les institutions n’ont eu cesse de revenir sur leurs concessions pour retourner finalement à leur point de départ : une gestion institutionnelle et verticale, dans laquelle non seulement la Tragédie mais également toute participation étudiante ou associative n’a qu’une place marginale.

Nous regrettons fortement ce revirement et le manque de confiance envers les étudiant-e-s que cette décision fait transparaître ; une gestion associative est jugée trop risquée, trop aventureuse, peu importe le nombre de garanties que nous pouvons proposer. Face à l’innovation et à une dynamique participative, les directions choisissent aujourd’hui de retomber dans un fonctionnement traditionnel et classique où quelques étudiant-e-s seront choisi-e-s pour ‘participer’ en travaillant sous la tutelle de l’institution.

Face à cette décision conjointe des directions de l’université et des hautes écoles, le comité de la Tragédie n’a pas souhaité soutenir ou rejoindre ce nouveau groupe de travail. Nous avons jugé qu’il s’éloignait trop des valeurs que portaient l’association et n’était pas suffisamment à l’écoute des intérêts et des demandes des étudiant-e-s, en plus de renier le travail effectué par les étudiant-e-s et membres de l’Université impliqué-e-s jusque-là.

Nous avons toutefois décidé de partager à ce nouveau groupe de travail des propositions qui permettraient une gestion démocratique et associative, pour sauver de ce projet ce qui peut encore l’être et tenter de les convaincre qu’une gestion associative sauvegarderait l’investissement bénévole et l’engagement que génère un projet porteur d’une réelle vision. Les institutions se sont déclarées prêtes à étudier attentivement les propositions que lui soumettra le comité de la Tragédie ; celles-ci seront désormais faites publiquement et vous serez informé-e-s des retours que nous en recevront.

Nous espérons que notre appel au respect de la dynamique associative et participative qui anime ce projet depuis son origine fera écho auprès de toutes celles et ceux qui suivent de près ou de loin son avancée. Le projet se trouve désormais à un tournant inquiétant, mais nous pensons qu’un revirement est encore possible puisque les directions ne se sont pas encore engagées sur un modèle de gestion à adopter.

Nous restons à disposition pour tous retours, commentaires ou questions de votre part et nous réjouissons de vous retrouver dans des circonstances plus heureuses.

En vous remerciant pour votre soutien et votre lecture attentive,

Le comité de la Tragédie